samedi 18 octobre 2025

JEU 111 : "Les âges de la vie" - LL

 

 

 

Chaque jour dans le miroir
 
 Je vois sur mon visage

Les marques du grand soir...

Et quand je dis mon âge

Je vois bien dans les yeux

De ceux qui me font face,

Qu'ils se disent : "Oh mon Dieu !

C'est triste le temps qui passe !"

 

Mais ce qu'ils ne savent pas

Ces mesureurs de temps

Ces jeunes pleins d'éclat

Qui me voient "décrépie" 

C'est que j'ai en même temps

Tous les âges de la vie.

Je change à chaque instant

D'âge dans mon esprit !

 

Parfois je suis alerte 

Vive et aventureuse

Encore jeune plante verte

Espiègle, malicieuse

 

Parfois, je me sens lasse

Epuisée par le bruit

Du monde-populace

Qui s'agite et se fuit

 

Parfois, je suis soleil

Qui darde ses rayons

Fruit mûr, rond et vermeil

Je chante ma chanson

 

Parfois, je suis enfant

Qui se plaint et qui geint

Mais où es-tu maman ?

Tu ne tiens plus ma main ?

 

Parfois je suis jeune femme

Et je me fais coquette

J'ai le coeur qui s'enflamme

Le sourire en goguette

 

Parfois je suis songeuse

Comme un sage Bouddha

Qui attend la faucheuse

Sans en faire tout un plat... 

 

Je souffle mes bougies

Sans en compter le nombre

Je vis dans l'infini

Entre lumière et ombre

Et quand on me rappelle

Les limites de mes jours

Je déploie l'arc-en-ciel

De mon sens de l'humour :-)

 

Dans le grand kaléidoscope

De mes années passées

Je fais un choix hop, hop

Pour chaque nouvelle journée

Je les ai toutes en rayon

C'est ça la grande chance

De tous les vieux croûtons... 

L'or de toute existence.

.

La Licorne

  

  
 
 
 

dimanche 12 octobre 2025

Agenda ironique d'octobre : "I say stop, stop, stop" - LL

 

 
 

    

 
Le ciel se couvre de gros nuages lourds
 
Il pleut des chiens, il pleut des chats
 
Et moi, je crie "Au secours !" !
 
 
 
Mon âme de gai-luron
 
Pleure en pensant à l'insouciance d'hier
 
 
Un petit bout d'espoir en chansons...
 
 
 
Il suffirait de presque rien
 
 Pour que ce monde se porte mieux
 
 Peut-être qu'une fois par lune bleue
 
  On dise :  "Non, non, merci bien  !"
 
 
 
 C'est pas quand les cochons voleront 
 
Qu'il faudra se réveiller
 
 Les barreaux de nos prisons
 
 Sont numériques et dorés

 
 
Venez, donc, tous les zombies,
 
A hard day's night ? Je sais, je sais
 
Sur ton écran, une mijaurée
 
Se dandine...ah, c'est ça ta vie ?
  
 
 
 Venez donc, tous les paumés
 
"Come together" ...et relevez la tête
 
Lâchez les algorithmes d'internet
 
Venez chanter, venez danser ...
 
 
 
 Ne bradons pas nos libertés
 
Quand John chantait "Imagine"
 
 Son rêve n'était pas la Chine
 
Et son modèle de tarés
 
 
 
Regarde : on est tous en cage
 
On est le Chien de La Fontaine
 
Qui accepte l'esclavage
 
Contre gamelle quotidienne
 
 

Regarde : on consent à tout

En deux clics, clac, on est pris

Le collier du p'tit toutou, 

Il est virtuel, mon ami 

 

L'IA fait tout à ta place

Ton cerveau se ramollit

 Et on te suit à la trace

Mais bof...qui s'en soucie ? 

 

En langage pop : 

 
 You say go, go, go
 
I say stop, stop, stop" 
 
 

Mon âme de gai-luron
 
Pleure en pensant à l'insouciance d'hier
 
Et je lance à travers tout l'univers
 
Un petit bout d'espoir en chansons...
 
 

Quand tous ceux qui ont le coeur brisé
 
Venus du monde entier, vibreront à l'unisson
 
 Quand ils surmonteront leurs divisions
 
Une réponse, sage, pourra émerger
 
"Love is the answer" said Mother Mary 
 



 
That is the question...  
 

 
"The answer :
 
Love is (*) 
 

.

La Licorne

 

(*)  A lire dans les deux sens...

 

 

 

  Texte écrit pour l'Agenda ironique d'octobre

chez l'ami Tiniak

  ...

 

Sur le thème "L'amor et lames"  

il s'agissait ce mois-ci :

 

1) D’écouter John Lennon, quand il nous dit

que l’amour est la réponse 

(mais quelle est la question ?)

 

D’user de cinq mots et d’expressions désuètes

choisies parmi celles-ci :

mijaurée ; une fois par lune bleue, rivancher , 

faire l’effet d’un godmoche à roulasse, 

il pleut des chats et des chiens, gai(e)-luron(ne), 

quand les cochons voleront et branleuse de gendarme


 Et, cherry on top of the cake

il nous invitait à glisser ci ou là une phrase 

à la façon d’un boustrophédon

 .

 

Remarques :  

Mon "boustrophédon", 

très modeste,

est placé à la fin (*). 

Il est "in english"

 

Et, comme j'aime beaucoup les Beatles, 

 je me suis amusée au passage, 

à "caser" plusieurs titres de chansons

chantées par John Lennon...

Vous pouvez cliquer sur les liens 

pour les écouter !

 .

 

 
 
 
 

samedi 4 octobre 2025

JEU 111 : "Les âges de la vie" - Lilousoleil

 

 

 

 

Les âges de la vie

 

Dans la main tremblante, une photographie : le passé s’y abrite comme une flamme fragile. Le visage jeune s’y dessine, clair, lisse, plein d’élan. Pourtant, derrière lui, le présent veille, marqué de rides comme un livre feuilleté par le temps.

La mémoire s’invite dans ce dialogue secret. Elle murmure des noms, des rires, des instants oubliés que seule l’âme conserve. Chaque souvenir est une étoile suspendue au-dessus des années.

La fragilité n’est pas une faiblesse : elle est la tendresse du corps qui a tant vécu, la délicatesse de la peau qui raconte l’histoire mieux que les mots. Elle est le tremblement discret d’une vie qui se sait précieuse.

Et dans ce contraste éclate la beauté. Non pas celle des traits immobiles, mais celle du passage, du chemin parcouru, de la lumière qui habite encore les yeux. La beauté qui persiste, différente mais intacte, comme une vérité que rien ne peut effacer.

Ainsi, les âges de la vie ne s’opposent pas : ils se superposent, s’étreignent et se prolongent. Et dans cette rencontre fragile entre hier et aujourd’hui, se révèle l’éternelle grâce d’exister.

 

Lilousoleil

 

 

 

JEU 111 : "Miroir, mon beau miroir" - An'Maï

 

 

 

Miroir, mon beau miroir 

 

Les âges de la vie semblaient passer sur Hélène sans laisser de trace. C'est ce qu'elle pensait en tout cas ! Elle était belle certes, mais plus que tout, elle était imbue de sa beauté. Tellement infatuée d’elle-même qu’elle n’acceptait d’amies qu’en tant que faire-valoir. Au milieu de ces filles pas obligatoirement moches mais toujours insipides, elle brillait comme une rose dans un champ d’orties. Bien qu’elle eût pu s’en dispenser elle passait de longues heures devant son miroir à parfaire sa beauté, usant et abusant de crèmes et d’onguents parfumés. Elle guettait anxieusement sur l’ovale pur de son visage, l’apparition de la moindre imperfection qui en eût troublé l’harmonie ou terni la fraîche carnation. Bouton, éphélide, trace de couperose, veinule disgracieuse, rougeur suspecte, ridule traîtresse…Rien n’échappait à cette quotidienne et minutieuse inspection qui lui permettait en outre de se contempler à tout propos, ce qui lui procurait le plus ineffable des plaisirs. Tout lui était bon pour s’arrêter, fût-ce un bref instant devant son reflet ! Rien ni personne dans la vie ne l’intéressait plus qu’elle-même.. Elle s’étalait avec complaisance sur les multiples qualités dont la nature l’avait si généreusement dotée. À l’en croire, toutes les fées s’étaient penchées sur un seul berceau : le sien et de toutes les grâces dont elle elles l'avaient dotée, son visage était sans conteste le joyau le plus précieux ! Elle se délectait sans complexe de l’admiration béate qu’elle suscitait chez ses amies et elle acceptait comme un tribut à sa souveraine beauté les qualificatifs dithyrambiques dont l’abreuvait la cohorte de ses soupirants. Elle était persuadée qu’elle représentait à elle seule, l’incarnation de l’idéal féminin, la quintessence de la séduction, la perfection faite femme. Elle ignorait les risques que lui faisait courir son monumental ego !

C’était déjà beaucoup de se croire la plus belle, c’était bien pis de faire croire à ses amies qu’elles ne l’étaient pas, de leur reprocher à mots à peine couverts leur manque de charme, leur manque de goût ou d’originalité. Leur manque de tout en somme. Ces « pauvres filles oubliées de la nature » pensait-elle sans le leur dire, rêvaient de lui ressembler sans y parvenir jamais. Avaient-elles la moindre chance ? De toute façon, elle n’eût admis pour rien au monde que l’une d’entre elles pût la rejoindre sur ces hauteurs qui devaient demeurer inaccessibles. Les conseils qu'elle leur prodiguait, magnanime, n’avaient d’autre but que de les enfoncer plus encore dans la boue de leur imperfection tout en la confortant, elle, sur son impérial trône.

Un jour l’une de ses fans les plus fidèles se lassa de subir sans broncher ses remarques à la fois mielleuses et fielleuses. Elle était fatiguée de se prosterner devant cette marmoréenne idole qui jamais ne consentait à descendre de son piédestal. Si fatiguée qu’elle prit enfin conscience que ce parangon d’orgueil et d’égoïsme recevait sans jamais rien donner en retour. Alors, prenant le ciel ou l’enfer à témoin, elle fit un vœu qui se réalisa bien au-delà de ses espérances les plus secrètes : 

« Fasse que les miroirs continuent à la refléter belle et que chaque fois qu'elle s'y admirera, elle devienne vieille et laide comme un pou sans même s’en apercevoir ! Ce ne serait que justice à la fin !» Ce fut une pensée fugace mais d’une telle force qu’elle en fut secouée et regretta aussitôt de l’avoir eue. Trop tard ! Le sort en était jeté et ainsi fut fait.

À partir de ce jour, le destin de la belle Hélène bascula à son insu. Chaque fois que même incidemment elle se lorgnait dans un miroir, il lui renvoyait traîtreusement l’image parfaite qu’elle s’attendait à y voir. Cependant, chaque fois aussi, y apparaissait une ride qu’elle ne voyait pas. Jour après jour, ride après ride, qu’il fût fortuit ou intentionné, chaque regard qu’elle s’adressait au travers d’un miroir ou de la moindre surface réfléchissante, lui façonnait un nouveau visage que les autres découvraient peu à peu mais dont elle-même n’avait pas conscience. Elle ne voyait pas non plus les mines de plus en plus apitoyées de ses ex admirateurs qui continuaient néanmoins à lui débiter des fadaises pour ne pas la vexer ni encourir ses foudres. Seules ses amies, se réjouirent de pouvoir enfin lui retourner ses moqueries. Quand elles la rencontraient, elles souriaient l’air entendu et lui assénaient en jubilant intérieurement :

- Tu as pris un sacré coup de vieux ma belle !

- Vous êtes jalouses ! Rétorquait l’offensée.

Un jour, celle qui avait inconsidérément formulé le vœu funeste et que le remord tarabustait, lui dit gentiment :

- Je t’en supplie, rends-toi à l’évidence, tu vieillis Hélène ! Et d’ajouter pour tempérer quelque peu son propos : - Hélas ! Comme tout le monde ma chère !

- C’est impossible ! s’indigna l’orgueilleuse.

Mais elle dut lire la cruelle vérité dans le regard malheureux de l’autre car elle rentra séance tenante. Dans la salle de bain, plantée devant son miroir, affligée, elle vit enfin : là, au coin des yeux, de vilaines pattes d’oie qu’elle ne se connaissait pas. Et sur son front, deux rides profondes. Désemparée, il lui fallut quelques minutes pour se reprendre et encore quelques autres pour passer de l’abattement à la colère outragée. Elle étala devant elle tous ses petits pots de crèmes miraculeuses et se mit au travail, bien décidée à ne pas remettre un pied dehors tant que les disgracieuses rides ne seraient pas totalement effacées. Et bien sûr, tout le temps qu’elle passa devant le miroir maudit à essayer de vaincre le mal, celui-ci, au contraire, ne fit qu’empirer. Tandis que son corps demeurait jeune et ferme, sur son visage, la vieillesse gagnait du terrain. Chaque jour dans la glace, le masque hideux gravé de rides profondes lui faisait face. Atterrée, elle se s'enferma chez elle déterminée à venir à bout du mal étrange qui ravageait son visage Prétextant un virus très contagieux, elle n’ouvrit plus à personne, pas même à ses parents inquiets à juste titre. Et moins encore aux amies qu’elle avait si souvent vexées ! Elle fit la sourde oreille à leurs appels répétés. Recluse volontaire dans sa maison, sans presque manger ni boire, elle continua à observer de près l’implacable progression du mal inconnu qui la défigurait irrémédiablement. Désormais son visage sillonné de mille rides était méconnaissable. Pire, chaque fois qu’elle le regardait, il paraissait se graver de nouveaux sillons que nul onguent miraculeux ne parvenait à gommer. La rage au cœur, elle brisa tous les miroirs de la maison et obscurcit toutes les fenêtres de lourdes tentures noires. Elle ne voulait plus se voir. Jusqu’à l’eau du lavabo qui lui renvoyait l’image du désastre galopant ! Alors elle cessa de se laver. Un soir, lasse et déprimée au-delà de tout, elle se coucha pour attendre la mort et ne se releva plus. Mais le Destin facétieux et cruel lui refusait cette dernière faveur. Son corps, toujours bien entretenu, ne lui obéissait plus. Même privé de soins, d’eau et de nourriture, il s’obstinait à fonctionner comme une machine parfaitement huilée. 

Décidée à en finir, elle utilisa le peu d'énergie qui lui restait pour accomplir son dernier geste. Avant, elle appela ses parents. «Je m'en vais !», leur annonça-t-elle d'une voix éteinte. Le lendemain, rongés par l'angoisse, ils forcèrent sa porte, et la découvrirent, pâle, les yeux clos, étendue sur la courtepointe satinée de son lit. Elle s’était tailladé les veines des poignets avec l’arête aiguisée d’un éclat de miroir brisé. Sur l'oreiller blanc, son visage lisse et sans défaut se détachait. Elle ressemblait à la belle au Bois dormant qui n’attend que le baiser du Prince charmant pour se réveiller. Jamais elle ne saurait que le mot d’explication qu’elle leur avait laissé les plongerait non seulement dans un immense chagrin mais aussi dans une profonde perplexité. En effet, par un étrange et dernier pied de nez du Destin ironique, la Mort lui avait restitué toute sa beauté.

 

An'Maï

(Texte écrit en 2015, remanié pour l'occasion)

 

vendredi 3 octobre 2025

JEU 111 : "Lavis des âges" - Tiniak


regard poLétique à l'œuvre


Vole, âge volage !

Et puis retombe, sage
sur le rivage au doux présage
balayé jusque sur le tard
par l’engoulevent des Grands-Soirs

Molle hier, molaire
à présent dure comme fière
mâchouille aux portes de l’envers
la gomme d’un retour de flamme
que digère ton vague-à-l’âme

Ficelle que celle
qui file au ciel
la longe aux brins artificiels
où s’accrochent les gouttes d’ambre
de rêves nubiles en chambre

Lavis des âges de la vie
viens en attendrir le glacis
tant que s’en écrit le voyage
 

Tiniak



jeudi 2 octobre 2025

JEU 111 : "Les âges de la vie" - AlainX

 

 


JEU 111 : "Les âges de Zavatta" - Lothar




Il naquit dans la sciure, sous un ciel de toile bleue et rouge, quelque part entre deux routes. Enfant, il croyait que le monde entier sentait le crottin tiède, le foin humide et la mandoline de son père. L’école n’était pas une maison fixe mais une roulotte où l’on apprenait à compter avec les billets du guichet et à lire dans les yeux des spectateurs. Cet âge fut celui de l’émerveillement, quand chaque chute était un jeu et chaque gifle de farine ou de sciure une caresse. 

Puis vint l’âge du travail acharné. Zavatta s’inventa clown-musicien : accordéon en bandoulière, banjo, trompette… Il apprit à se casser la figure avec élégance, à s’offrir en maladresse pour mieux révéler la grâce. Le public riait, riait toujours, et parfois, il l’espérait, pleurait un peu. Derrière le maquillage, lui savait combien les os souffraient, combien la route était longue, combien il fallait de courage pour lever un chapiteau chaque matin. 


« La gloire du cirque entra dans les salons 
comme un vieil oncle drôle. »

   


L’âge de la gloire arriva comme une fête tardive : la télévision s’enticha de ce visage barbouillé, de ce clown tendre et jamais méchant. Zavatta entra dans les foyers comme un vieil oncle drôle. Mais la gloire est une amante capricieuse : elle éclaire et elle brûle. Le cirque traditionnel s’essoufflait, les enfants se tournaient vers d’autres écrans, et le vieux clown sentit qu’il devait lutter contre l’oubli.   


Et puis l’âge des ombres. Les muscles refusaient, le cœur se serrait, les routes semblaient trop longues. Le maquillage cachait mal la fatigue. On ne rit pas toujours des rides nouvelles. Alors Zavatta chercha des lieux de silence, là où le rire n’est pas exigé. 


C’est ainsi qu’un jour — on dit que c’était un automne — il monta au Mont Sainte-Odile. On le dit. Pas en clown, pas en musicien, mais en pèlerin maladroit, un peu tremblant. Les pierres anciennes semblaient lui parler comme un vieux public, patient et grave. Au sommet, il contempla la plaine d’Alsace comme on contemple la piste vide après le spectacle.

Il sortit une petite trompette cabossée de sa poche. Souffla doucement, presque pour lui. Une note fluette s’éleva dans l’air froid, puis une autre, puis un éclat de rire d’enfant dans sa mémoire. Là, Zavatta sut que les âges de sa vie n’étaient pas perdus : ils formaient un seul numéro, une seule marche vers le haut, jusqu’à ce silence. Une seule marche cachée dans le chiffre 666.  

Il pensa à l’affiche de ses soixante-six ans : deux six qui se regardent comme deux visages en miroir. Le troisième, invisible, il le portait en lui, comme un saut de plus que seul le temps révèle.
   


Alors, dans la grange en contrebas, s’est jouée une autre scène : celle d’un mulet têtu et d’un clown musicien sans fard, réunis autour d’un piano fatigué et d’un bol tibétain.  

Case 1Découverte / Épreuve Visuel : Finistère répond à la note fluette, joue un accord maladroit ; une grande tige jaillit du bol tibétain et s’enroule autour d’une chaise. Les nourrices observent, perplexes.
Grand-mère : « Chut. Il compose. »
Finistère, concentré : « Si je force, ça devient une forêt ? »  

Case 2 Le pèlerin démystifié (vignette courte, plan poitrine) Visuel : Entrée du pèlerin, le clown musicien, nouveau compagnon de route ; il s’assoit sur un tabouret, essuie son maquillage d’un geste lent. Les traits du visage redeviennent humains. On voit de la sciure sur ses manches.
Texte narratif (encadré, doux) : « Parfois, les masques se rangent comme des outils. »
Clown, presque en murmurant : « J’ai gardé un coin de papier, pour si jamais… »  

Case 3— Le poème Visuel : Le clown, sans maquillage, écrit sur le revers d’une affiche déchirée. Une plume improvisée, quelques taches d’encre. Finistère écoute, une oreille attentive.
Poème (dans une bulle-légende, court, fragile) : « Quand la note tombe, la terre la cueille ; quand je me démaquille, le rire devient poignée de terre. On n’emporte pas le cirque, on emporte une poignée de poussière. »
 Finistère, avec un petit sourire : « C’est beau. On dirait une plante qui apprend à parler. »  

Case 4Conséquence dramatique / Quasi-climax Visuel : Finistère et le clown jouent une mélodie entière, maladroite, magnifique, et la grange se couvre en quelques secondes de fleurs et de pousses : pissenlits, vigne, un petit bouleau même. Les nuages au loin s’écartent.
Texte narratif : « Leur musique ne sauvait rien. Elle faisait pousser autre chose : des doutes, des chemins. »
SFX : RUMBLE léger, chant d’oiseau.  

Case 5Plan final, image forte Visuel : Plan serré sur Finistère debout sur le banc du piano, regard vers l’horizon, sabots sur les touches, le clown musicien à ses côtés écrivant la dernière ligne. La montagne respire.
Texte narratif (encadré, phrase-lame) : « Il n’avait pas brisé la boucle. Il l’avait seulement éclairée d’une autre lumière. »
Finistère, tranquille : « Demain, on essaiera Chopin. Ou on plante un arbre. »  

Zavatta repartit du Mont, plus léger, comme si la montagne avait accepté de porter un peu de son fardeau.  


...

mercredi 1 octobre 2025

JEU 111 : "Mais que Marianne était jolie" - Jill Bill

 

Mais que Marianne était jolie



Je ne suis plus du printemps
Ni de l'été
Je ne suis plus de l'automne
Je suis de l'hiver à présent ;
J'ai traversé les âges de la vie
En gens du voyage, en mortelle
En célibataire, aussi...
Ah inéluctable temps qui passe, qui nous use,
Du lange au linceul...

Ne me chante pas, que j'ai encore de beaux yeux,
Que j'aurais pu rendre un homme heureux
Mon jeune Hugues...
Mon miroir se veut aussi bon prince,
En me renvoyant l'image de mon passé
Qui se confronte à la réalité, cette vieillesse...

Avoir été et être encore,
Je n'ai plus cette belle face
Mais, dit-on, une belle âme....

Ainsi soit-elle l'abbé,
Ainsi soit-elle bon dieu !

 
 

JEU 111 : "Les âges de la vie"

 

- Atelier d'écriture pour le mois d'octobre -
  

Ce mois-ci, vous êtes tous invité(e)s 
 
à  exercer votre imagination 
 
à partir de cette image :
 
 
 



 et de ce livre :
 
 
de Christiane Singer
 
 
Comme d'habitude,

vous pouvez, au choix :


- Placer les mots du titre

dans l'ordre ou dans le désordre

- Prendre le titre de ce livre comme titre de votre texte

- Ou faire référence dans votre texte au contenu de l'oeuvre

(en l'imitant, le complétant, le citant, le parodiant...etc)

.


Envoi à undeuxtrois4@orange.fr

avant le 21 octobre 2025
.

Bel automne !
.

La Licorne
.


 

dimanche 21 septembre 2025

Agenda ironique : "Bohême"

 

Pour l'Agenda ironique de septembre

chez Sabrina

 

 

 

Je m’en allais, au loin, vers l'horizon rêvé
Mon sac à dos énorme pesant sur mes épaules
Je marchais sous le ciel, poussée par un ras-le-bol
Oh là là ! Que de pas... j'ai faits pendant l'été ! 
 

Mon unique compagnon était un p'tit terrier.
Aussi perdu que moi, il me suivait sans bruit ,
Fidèle. Nous dormions dans la paille, chaque nuit.
Il était mon ami et j'étais son berger.
 
 
Chaque jour nous reprenions le chemin de Saint-Jacques
La nature me portait, j'en oubliais mon sac. 
Le passé s'estompait...doucement...heure après heure...

De village en village, de sentier en sentier,
Ma vie s'est allégée. Ce que j'en ai gardé ?
Une mérelle accrochée, par une barrette, au coeur !
 
 
La Licorne
 
(d'après Arthur
 .
 
 
  
 
 
Consigne :
 
Sabrina nous a demandé, pour septembre, 
de parler de marche initiatique ou de pèlerinage...
et d'incorporer au texte les mots : 
paille / barrette / berger / bol  
 

  

 
 

mercredi 17 septembre 2025

Les p'tits bateaux...


Pour l'atelier Mil et Une
 

Sujet 153


 
 
 
Maman, les p'tits bateaux 
qui vont sur l'eau
font-ils des phrases ?
Mais non, mon grand nigaud, 
s'ils en faisaient
ils parleraient !

Maman, les p'tits bateaux 
qui vont sur l'eau
ont-ils des vers ?
Mais non, mon grand benêt
s'ils en avaient
ils couleraient !

Maman, les p'tits bateaux
qui vont sur l'eau
ont-ils du souffle ?
Mais non, mon grand bêta,
s'ils le suivaient
ils se perdraient...
 
Maman, les p'tits bateaux 
qui vont sur l'eau
ont-ils des rêves ?
Mais non, mon grand nigaud
ils ont les tiens
et c'est très bien !
.
 
La Licorne


  
 
 
 
 

lundi 15 septembre 2025

JEU 110 : "Devant les quatre filles du Docteur, marche à l’ombre, sinon… "- Lothar

 

Devant les quatre filles du Docteur, marche à l’ombre, sinon…
 
 
 


Ma plus belle conquête de l’air – Vogue 50’s

À ce guichet aux lumières solaires,
Toi, fille de l’air, uniforme blanc et noir,
Ma belle trentenaire, aux miroirs d’ombre claire,
À l’aire du temps, en appel d’air.

Tu la joues quatre contre un, moléculaire,
Comme les filles du Docteur March en quadrilatère,
Indomptables tempêtes et sœurs,
Chacune un feu, chacune une chaleur.

Alors, tu l’attends sous l’orage dans l’air,
Tes quatre sales caractères, sanguinaires,
Rouges de colère, tout feutres en l’air,
Pour changer d’air.

Un quadrilatère Chanel se déploie,
Et toi, en quadragénaire pas très net,
Tu ne la mettras plus en quatre pour cet enfer…

Cillent des mi-cils air-air, subliminaires en éclairs,
Nucléaires, transparents, épairs et frigidaires... 
 
Alors tu n’iras plus à grand’erre !

 
(suite sur son blog,
cliquer sur le lien)